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LEVON MINASSIAN

Tous les dix ans devant 100.000 personnes, se tient à Gumri, deuxième ville d’Arménie et berceau du duduk, « Le trophée des Maîtres », l’occasion pour un public connaisseur d’adouber ceux qui entrent dans le cercle très fermé des grands.

En 2002, c’est à cette reconnaissance qu’eut droit Lévon Minassian. Une scène qu’il partagea avec Djivan Gasparian, Serguie « Lalig » Garabedian ou encore feu Valodia Haroutiounian, autrement dit, la fine fleur de l’instrument.

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Lévon Minassian est né à Marseille, dans le quartier de Saint-Jérôme, où ses grand-parents trouvèrent jadis refuge. Entouré d’une famille vivant dans le culte de la musique et baignant dans une communauté arménienne très soudée et friande de sons, il commence très jeune à jouer de la mandoline dans un groupe folklorique. A l’âge de 15 ans, avec entre les mains un duduk ramené d’Arménie par ses parents, il leur annonce qu’il désire apprendre à en jouer. Commence alors un long apprentissage.

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Adolescent, Lévon Minassian, accompagné de sa famille, suit les artistes arméniens dans leurs tournées en France. Il les poursuit jusque dans leurs hôtels pour grappiller quelques informations. Puis, dès la fin des années 70, il se rend plusieurs fois en Arménie dans le but de travailler le duduk avec les maîtres, notamment auprès de Djivan Gasparian et de Valodia Haroutiounian. Pénétrer le milieu de ces artistes n’était pas chose facile, se souvient Lévon Minassian, les joueurs de duduk maintiennent dans le secret cette tradition ancestrale qui ne se transmet qu’entre initiés et avec parcimonie, C’est alors avec beaucoup d’abnégation et de patience, et par amour pour cet instrument qu’il cherchera par ses propres moyens à en maîtriser toutes les subtilités.

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Depuis, cet artiste s’est entraîné sans cesse. Et petit à petit, celui qui n’a jamais recherché la célébrité sera reconnu comme un des plus talentueux joueurs de duduk au monde.

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Sa détermination et son talent le font repérer par des professionnels. En 1985, le compositeur Georges Garvarentz le sollicite pour la musique du film Les mémoires tatouées. Une première collaboration pour le cinéma qui va être suivie de beaucoup d’autres, dont les bandes originales de Mayrig et 588 rue Paradis de Henri Verneuil, L’Odyssée de l’Espèce de Yvan Cassar, Amen de Costa Gavras, La passion du Christ de Mel Gibson, L’enfant endormi de Yasmine Kassari, La terre vue du ciel et Home de Yann Arthus-Bertrand,Va, vis et deviens de Radu Mihaileanu, La jeune fille et les loups de Gilles Legrand, Comme les 5 doigts de la main et Ce que le jour doit à la nuit, de Alexandre Arcady, La source des femmes de Radu Mihaileanu, Inch’Allah de Anaïs Barbeau- Lavalette.

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Derrière l’homme, humble et généreux, apparaît un musicien hors-pair, que d’aucuns qualifient de génie, dont les mélodies mélancoliques sont désormais omniprésentes tant sur le petit écran qu’au cinéma.

Mais un événement incroyable, surtout, a changé sa vie : en 1992, Lévon Minassian est sollicité par Peter Gabriel pour participer à son album Us puis pour ouvrir en solo les concerts de sa tournée mondiale Secret world live tour. Un coup de projecteur qui va faire de lui un doudouguiste très prisé des grands noms de la variété (Charles Aznavour, Patrick Fiori, Hélène Segara, Christophe Maé, Daniel Lavoie) ainsi que des personnalités de la world music (Sting, I Muvrini, Simon Emerson, Manu Katché).

Parallèlement, Lévon Minassian entreprend un travail plus personnel avec le compositeur de danses et musiques de film Armand Amar, remarqué depuis pour ses B.O de films (Amen, Le Couperet, La terre vue du ciel, Vas vis et deviens, Indigènes…) C’est avec lui qu’en 1998 il grave son premier album, Lévon Minassian and Friends, conçu à partir de thèmes et mélodies traditionnelles profanes ou sacrées dans lesquels le duduk dynamise son langage à la rencontre d’autres instruments du monde, du violon indien à l’oud. En 2005, son deuxième opus, Songs From a World Apart, donne au duduk un nouveau statut d’instrument soliste et un espace musical hors du contexte traditionnel. Les arrangements révèlent de nouvelles couleurs au duduk dialoguant avec des instruments invités (nickelharpa, viole d’amour, kamantcha, oud, tambours) accompagnés d’un orchestre symphonique, le Bulgarian Symphony Orchestra. Chaque rencontre avec des musiciens d’autres cultures constitue pour lui un enrichissement et un événement inoubliable.

En 1997, il joue à l’Elysée, invité en tant que soliste par le président de la République Jacques Chirac lors de la visite du président Arménien Lévon Ter Pétrossian. En 2003, il est décoré Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par le président Chirac.

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Levon Minassian a contribué à ce que le duduk s’inscrive dans les valeurs culturelles universelles, mêlant aux autres instruments du monde ses influences arméniennes à la fois si gaies si tristes.

La musique que nous livre Lévon Minassian n’appartient plus à ce que l’on appelle le folklore, musée des âmes mortes et ressuscitées, ni à un espace géographique délimité qu’on appelle un pays, mais à cette sphère hors du temps et de la durée, où l’âme a besoin de se prolonger pour découvrir qu’elle en a encore une.

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